a+c) Choix d’un dialogue et montage de vidéo:
Jean Anouilh, Antigone (Paris, 1946), Antigone et Ismène (p. 15 – 21,
version Reclam)
b) Pastiche augmenté :
Ismène : Tu es malade ?
Antigone : Non, mais je suis un peu fatiguée, parce que je me suis
levée tôt.
I : Je n’ai pas beaucoup dormi non plus, on a beaucoup et longtemps
fêté hier.
A : Si tu n’arrêtes pas de passer toutes les nuits dans les clubs,
tu ne resteras pas longtemps aussi belle !
I : Très drôle, vraiment.
A : Je ne me moque pas ! En fait, ça me rassure te voir ta
beauté, ça me donne l’impression que tout est normal. Tu te rappelles que je n'arrêtais pas de te tourmentais, quand nous étions petites ? Une fois, je t’ai
même coupé tes belles, longues cheveux, tant j'étais envieuse de tes grâces.
Il est probable que, si on est belle est populaire, on n’a pas d'idées folles…
I : De quoi parles-tu ?
A : Rien, il n’y a rien…
I : Je ne suis pas stupide, tu sais ?! Je réalise bien que tu es en train de faire. Tu es complètement cinglée. Tu ne vas
pas faire ça, pas question.
A : Pourquoi pas ?
I : Nous serions accusées et passeront le reste de notre vie en
prison, si la police ne nous descend pas sur place ! N’oublie pas notre couleur de peau, la police n’aura pas beaucoup de patience si nous ne suivons pas
la loi.
A : Oui, mais c'était son dernier et son plus grand souhait, que l'on répande ses cendres du haut de la statue de la liberté. Je m’en fous que ce soit interdit !
I : Alors, écoute. Je suis ta grande sœur et il faut que tu
m’écoutes. J’ai tellement plus d’expérience que toi.
A : Ne m’énerve pas, j’en ai marre de tes directives, tu n’es pas ma
mère !
I : Il ne s’agit pas de notre mère, mais de notre oncle qui est président, l'aurais-tu oublié ? Il va imposer la loi pour faire un
exemple, sans doute !
A : Je t’ai déjà dit, je m’en fous ! J’étais toujours la
petite, la sale bête, et j’étais toujours dans ton ombre, mais, maintenant, j’en
ai assez et je ferai ce que je veux et qui me semble juste !
I : Écoute-moi donc ! J’ai plus souvent raison que toi.
A : Je ne veux pas avoir raison.
I : Essaie de comprendre au moins !
A : Tout le monde me dit cela, depuis mon jeune âge.
Mais comprends donc, tu dois faire tes devoirs. Tu ne comprends pas que tu
n’auras pas de futur si tu sèches l’école ? Toujours la même chose.
J’aurai le temps de comprendre quand je seraivieille, maintenant je veux
justement faire ce que je veux.
I : Ils nous arrêteront et ce sera dans tous les médias. Nous serons
humiliées publiquement et tu sais bien que personne ne nous aidera, puisque nous
sommes noires. Nous n’avons pas non plus assez d’argent pour nous payer un avocat. Je ne
veux pas souffrir. Je ne crois pas que je suis assez forte pour
supporter ça.
A : Voilà, je vois que tu y as vraiment beaucoup pensé !
I : Toute la nuit, mais je ne suis tout simplement pas aussi
courageuse, ou peut-être folle, que toi.
A : Parfois il y a des choses que l'on doit faire malgré la peur qu'on en a. Pour moi ça
sera un acte de liberté.
I : Tu veux vraiment passer le reste de ta vie en prison ?
A : Non, mais je ne veux pas avoir une vie ennuyeuse et moyenne,
non plus. Si tu ne viens pas avec moi, bon, alors laisse-moi seule. Va te
recoucher pour que tu sois prête demain, quand tu sortiras avec tes amies de nouveau.
I : D’accord, mais promets-moi qu’on y parlera encore.
A : Je vais parler avec toi et avec tout le monde qui veut parler
avec moi, je le promets.
(Ismène sort)
d) Présentation du dialogue, de son auteur :
L’Antigone de Jean Anouilh est une des plus grandes œuvres du théâtre français du 20e siècle. Une nouvelle interprétation de L’Antigone de Sophocle,
Anouilh reste proche de l’acte original mais parvient quand même à créer ses
propres caractères. Anouilh naît en 1910 à Bordeaux et a passé la plupart
de sa vie à Paris. En 1946 il déménage à Lausanne, où il est mort en 1987. En
1940, pendant la guerre, il fut incorporé et plus tard en fut fait prisonnier par
l’armée allemande. Après la guerre, il adopte la cause de l’écrivain
Brasillach qui a été condamné à mort pour collaboration. Anouilh
essaye de l’aider, même s’il n'était pas toujour du même opinion politique.
e) Pourquoi ces dialogues sont-ils importants ?
La pièce fut publiée pendant la deuxième guerre mondiale, donc dans un
temps quand il avait
beaucoup de conflits entre l'état et le peuple. Est-on prêt à risquer quelque chose et à s’opposer à la loi pour faire ce qui est juste (par exemple en aidant des réfugiés
juifs) ?
J’ai choisi la scène du dialogue entre Antigone et sa sœur Ismène, parce que la
relation entre les deux sœurs est très intime et très proche, peut-être plus proche
que celle entre deux amants ou même entre les parents et leurs enfants. En
particulier le conflit intérieur d’Ismène est captivant – contrairement à
Antigone, qui a déjà pris sa décision, Ismène est encore tiraillée entre le
besoin de protéger sa sœur parce qu’elle s'en sent responsable, et le désir de
soutenir Antigone parce que celle-ci a le courage de faire ce qui est juste.
Ismène ne veut pas agir contre la loi, mais elle a l’impression de laisser
tomber Antigone si elle ne vient pas avec elle. A mon avis, Ismène est en fait
le caractère les plus intéressant des deux.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire