mercredi 23 décembre 2015

Interview Radio France : « Y a-t-il une crise de la République ? » (émission du 8 décembre 2015)


Bonjour Marcel Gauchet, vous êtes philosophe et historien. Quel regard portez-vous sur le résultat des élections du dimanche dernier ?

J’ai l’impression vivre un cauchemar récurrente. L’épisode se répète implacablement. C’est comme si c’était une surprise. Ça fait plus de vingt ans ça dure. Chaque fois, la découverte du problème, comme s’il se posait pas avant, et les mêmes attitudes, les mêmes commentaires. Je pense qu’on pourrait faire une recherche d’archive en transplantant – et c’est plutôt plus modéré là-encore – 2002, aujourd’hui 2002, c’est quand même il y a treize ans, eh ben, le discours est le même. Il y a quelque chose de saisissant dans cet enfermement, dans un imbroglio, dont personne ne parvient à démêler les fils.

Alors moi, j’ai fait cette recherche d’archive, je suis allé voir vos textes, et notamment un texte que vous aviez publié en 1990, intitulé Les mauvaises surprises. De la lutte des classes, et c’est mauvaises surprises de la lutte des classes, c’était une fois de plus, la découverte du vote Front nationale et vous écriviez la chose suivante, Marcel Gauchet : « Un mur s’est dressé entre les élites et les populations, entre une France officielle avouable qui se pique de ses nobles sentiments et un pays des marges renvoyés dans l’ignoble. Les choses ont-elles changé? »

La France des marges, hélas, a élargi son spectre considérablement, elle n’est plus marge. C’est bien ça notre problème. C’est pour ça je crois qu’il serait assez utile de changer de discours une bonne fois et de réflexion. Mais je ne me fais pas d’illusion. Nous sommes repartis dans un scénario immobiliste, on va recommencer exactement le même psychodrame.

Pourquoi les Français votent-ils pour parti Front national, Marcel Gauchet ?

Je crois qu’ils votent essentiellement pour la protestation, et c’est ce qui fait d’ailleurs que tous les appels des personnes les plus variées, les plus qualifiées, les plus respectables, à ne pas voter pour le Front National, sont sans effet, puis que ils ne font en réalité que renforcer le sentiment, puisque ça les embête bien qu’on vote pour le Front National, eh bien justement on ne va pas manquer de voter pour le Front National. Donc, il y a un piège, et c’est du piège qu’il faut sortir et ne pas répéter les termes du piège qui ne sert à rien.

Contre quoi protestaient-ils ? Pourquoi faut-il embêter les partis officiels ?

La protestation est confuse. Elle est très globale. Elle renvoie d’abord à une situation économique particulièrement calamiteuse pour les Français. Ce qu’on sait du chômage de masse qui dure maintenant depuis plus de trente ans et qui ne fait que s’aggraver, finit par produire des effets complètement toxiques dans la vie sociale. C’est insupportable. C’est un fait. Surtout que la promesse – elle aussi récurrente – inlassable que c’est fini, on va changer de pied et on va obtenir des résultats, ne fonctionne jamais depuis plus de trente ans. Comment les choses pourraient-elles ne pas s’aggraver ? Alors ça… et puis, il y a effectivement le sentiment encore diffus d’un déclassement du pays. Nous sommes à la traîne, je pense à cet égard qu’une des choses les plus ressenties de façon implicite – parce que ce n’est pas dans les thèmes du discours qu’on entend quotidiennement, mais je pense que c’est très important. La France ne joue plus aucun rôle en Europe. Elle est à la traine, elle est à leur morte, elle subit, elle n’a rien à dire. Comment voulez-vous que cela ne soit pas ressenti ? Quand la France était pilote dans la construction européenne, le leader qui avait des idées qu’elle proposait, qu’elle avait un vrai projet, évidemment que le sentiment était différent. Aujourd’hui, qu’est-ce que c’est l’Europe ? Une contrainte insupportable qui vient intervenir tous les jours dans la vie quotidienne par les directives, quelles connes des normes qu’on n’avait pas venues venir des règlements abracadabrants. Et nous, qu’est-ce que nous avons à dire par rapport à ça ? Rien. Et puis, ils s’y rajoutent, effectivement, les problèmes qu’on met en avant, mais qui me semblent jouer un rôle bien moins grand qu’on le dit, les migrations, la sécurité, et alors, de ce point de vue-là, nous avions le scénario catastrophe parfait – sans parler du fait que il faudrait – je suis très étonné d’ailleurs que dans les commentaires on n’en parle pas assez de qu’est-ce que c’est ces élections régionales – qui offrait une fenêtre de vulnérabilité extraordinaire pour un vote de protestation.

(…)

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1.      Recherche

Le scrutin régional du 6 décembre 2015 en France a été « un choc » pour la France officielle. Le Front National (FN), le parti d’extrême droite, a réalisé une poussée spectaculaire : Les Régionales l’ont placé en tête dans six des treize régions françaises, 16 mois avant la présidentielle de 2017. Pourtant, après ces résultats record, l'extrême droite française n'a finalement remporté aucune région au second tour du scrutin qui a eu lieu une semaine plus tard. Sept régions en France métropolitaine allaient aux Républicains, tandis que le Parti Socialiste a réussi à se maintenir dans cinq.

 2.      Analyse grammaticale

Question :

Est-ce qu’on dit/écrit « Paul est Français ou Paul est français » ?

Réponse :
La règle est simple : Quand le mot en question est utilisé en fonction d’un adjectif, il prend une minuscule.

Ex. un professeur espagnole, une philosophe américaine.

Dès que ’il s’agit d’un adjectif qui est employé comme nom pour désigner une personne, on met une majuscule.

Ex. : un Français, une Suissesse, un Japonais.


3.      Exercices

a.      Vocabulaire : Traduis en allemand !

                                                    i.     un imbroglio

                                                  ii.     abracadabrant

                                                 iii.     être à la traîne

                                                 iv.     avouable

 

b.      Contenu : Répondez aux questions suivantes !

                                                    i.     En combien de régions la France existera-t-elle à partir du 1er janvier 2016 ?

                                                  ii.     Comment le Premier ministre actuel de la France s’appelle-t-il?

                                                 iii.     Quand les prochaines présidentielles en France auront-elles lieu ?

                                                 iv.     Quelle est la capitale de la Corse ?


4.      Réponses

a.      Vocabulaire


  
i.     ein Wirrwarr

                                                  ii.     verrückt, haarsträubend

                                                 iii.     hinterherhinken

                                                 iv.     redlich, loyal

b.      Contenu :

                                               i.          13 régions de France métropolitaine (y compris la Corse) et 5 départements et régions d’outre-mer 

                                                  ii.          Manuel Valls

                                                 iii.          Probablement entre le 23 avril et le 7 mai 2017

                                                 iv.          Ajaccio

 

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