jeudi 10 décembre 2015

Le Grand Cahier, Chapitres 1-3



Le Grand Cahier d’Agota Kristof

1.    Résumé
a)      Chapitre 1:  L’arrivée chez Grand-Mère
L'histoire troublante des deux jumeaux, Claus et Lucas, commence à leur arrivée  à la campagne. On comprend qu’on se trouve dans une situation de guerre, car la Grande Ville – lieu anonyme - est bombardée jour et nuit. Le père des jumeaux est parti pour le front, et leur mère, désespérée et sans nouvelles de son mari, décide alors de placer Claus et Lucas chez leur grand-mère. La relation entre la belle-fille et la belle-mère est affectée par des problèmes majeurs dont l’origine est obscure. Les deux ne se parlent guère. Dans cette scène déjà, il est évident que le destin des deux enfants ne sera pas le meilleur. La grand-mère annonce en effet que «la nourriture n’est pas gratuite» (p. 11) et qu’elle les fera travailler

b)      Chapitre 2: La maison de Grand-Mère
Dans le chapitre suivant, on trouve une description précise de la maison de Grand-Mère. Celle-ci est entourée d’un jardin et consiste en une cave, un galetas, une grande cuisine, ainsi qu’en deux chambres toujours fermées à clés où dorment Grand-Mère et un officier étranger. On comprend que Grand-Mère vit au jour le jour en cultivant des légumes dans son jardin et en élevant des animaux de la ferme. Les deux jumeaux sont tenus bride serrée, car ils doivent dormir sur le banc dans la cuisine et cacher leurs effets personnels. 

c)      Chapitre 3: Grand-Mère
Le troisième chapitre présente au lecteur  la protagoniste principale de cette histoire: Grand-Mère. Elle y est décrite comme une femme pauvre et sale, méchante et taciturne, qui mène la vie dure aux deux jumeaux. On apprend qu’elle parle une langue différente non seulement de celle des jumeaux , mais aussi de celle des militaires étrangers. Elle se tient à l’écart du village, et les
les habitants l’appelle la Sorcière.

2.    Explications/interprétations/recherches
a)      Le contexte de l’histoire
Bien que ce roman puisse se dérouler dans une quelconque situation extrême de guerre, quelques indices révèlent que l’histoire se déroule durant la Seconde Guerre mondiale, dans une localité frontière. Tenant compte du fait que l’auteure est d’origine hongroise et des différentes langues mentionnées au fil de l’histoire, on devine qu’il s’agit d’un village hongrois.

b)      L’écriture minimaliste et l’absence de noms propres
Dans ces trois chapitres déjà, on relève une tonalité très caractéristique de ce roman. Elle traduit une réelle simplicité de la langue qui se remarque à la fois dans le vocabulaire et dans la syntaxe. Je m'étonne qu’il n’y ait pas de noms propres, mais des noms plus abstraits qui sont attribués aux protagonistes et à tous les autres personnages: Grand-Mère, Mère, l’officier, plus tard la voisine, le déserteur, le facteur, etc. De la sorte, on a affaire à une écriture minimaliste, à un texte glacé qui tend à écarter tout ce qui pourrait être la marque d’une subjectivité. L’explication suit dans le chapitre 12, où les jumeaux, dont on a compris entretemps qu'ils sont les auteurs du Grand Cahier, élucident leur façon insolite de rapporter ce qu’ils vivent:

Les mots qui définissent les sentiments sont très vagues; il vaut mieux éviter leur emploi et s’en tenir à la description des objets, des êtres humains et de soi-même, c’est-à-dire à la description fidèle des faits. (Chapitre 12: Nos études, p. 33)


Tout terme susceptible de sens multiples est proscrit, en particulier les mots exprimant des sentiments. Les deux enfants s’astreignent ainsi à rédiger avec la plus grande objectivité possible leurs découvertes et leurs apprentissages. Au fil de l’histoire, on comprend qu’ils rejettent tous les jugements moraux et tous les sentiments, afin de se protéger et de survivre dans cet environnement de guerre dépourvu de toute humanité. En adoptant une redoutable épuration de la langue, Agota Kristof parvient à exposer le lecteur à un tableau de la guerre des plus horribles.





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