mardi 29 septembre 2015

Progrès, par Anja Stockmeyer, 01.10.15 – version révisée

 a) traduction

Si, il y a cent-cinquante ans, on avait demandé aux gens ce qu’ils attendaient de l’avenir, est-ce qu’ils auraient pu s’imaginer la révolution industrielle de nos jours ? Jules Vernes, lui, certainement ; il a écrit des romans où il décrit des inventions qu’on a effectivement réalisées au 20e siècle.
Notre société change si vite qu’il faut se demander de temps en temps si ce que nous faisons est vraiment utile. Regardons quelques exemples : le 31 décembre 1999, le monde entier pouvait vivre en direct depuis plusieurs endroits l’entrée au nouveau siècle, à la télé./ Ceux qui possèdent un portable peuvent, de leur jardin, appeler quelqu’un qui se trouve de l’« autre » côté de notre planète./ Internet permet à chacun de trouver un grand nombre d’informations sans que cela prenne trop de temps.
Nous sommes inondés de tant de nouvelles qu’on n’a guère le temps de les analyser un peu. N’est-ce pas une situation inquiétante à laquelle on s’est déjà trop habitué ? Ne serait-il pas nécessaire d’y réfléchir sérieusement pour que notre société ne devienne pas encore plus impersonnelle ?

b) 3 points de grammaire :

1.      Pronoms relatifs
Le choix du pronom relatif dépend de plusieurs conditions:
·         La présence d’un antécédent dans une proposition précédente ou pas.
·         Si le pronom désigne un animé (donc une personne) ou un inanimé.
·         Si le pronom est le sujet, le COD ou le COI de la proposition relative.
·         Si le verbe de la proposition relative demande une préposition.
·         Le genre et nombre de la chose/personne/idée que désigne le pronom.
Ex : N’est-ce pas une situation inquiétante à laquelle on s’est déjà trop habitué ?
à À laquelle, antécédent « une situation » : désigne un inanimé, COI, « habitué» demande un « à » (s’habituer à qc), féminin singulier
! Attention aux accords de genre et nombre au participe passé si le pronom est un COD : « des inventions (f. pl.) qu’on a effectivement réalisées »

2.      Temps et modes verbaux
Il se trouve un nombre étonnant de différents temps verbaux utilisés dans le texte (plus-que-parfait, conditionnel passé, passé simple, présent simple, imparfait, subjonctif présent).
On conjugue des verbes de manière différente pour :
·         établir un ordre chronologique (temps)
Ex : « Jules Verne (…) a écrit des livres » montre que c’est un fait déjà passé.
·         exprimer des différentes attitudes envers ce qui est dit (modes)
Ex : « pour que notre société ne devienne pas (…) » montre un souhait
            Cas spéciaux dans le texte :
·         Les phrases conditionnelles suivent un ordre prescrit de temps et de modes
Ex : « Si, il y a cent-cinquante ans, on avait demandé aux gens (…) est-ce qu’ils auraient pu s’imaginer la révolution industrielle de nos jours ? »
·         Au discours indirect, les temps verbaux changent, si le discours est raconté au passé
Ex : « (…) on avait demandé aux gens ce qu’ils attendaient de l’avenir (…) »

3.      Prépositions d’un verbe : _/de/à
Les compléments (directs ou indirects) du même verbe sont toujours introduits par les mêmes prépositions. Dans la plupart des cas, c’est de, à ou: pas de préposition = _ .
Ex : «  on avait demandé aux gens _ ce qu’ils (…) » - demander _ qc à qn
 « L’internet permet à chacun de trouver (…) » - permettre à qn de faire qc
 « D’y réfléchir » - réfléchir à qc

Attention: dt. Jdem helfen, etwas zu machen / fr. aider _ qn à faire qc

c) Sur le thème

Le texte questionne l’optimisme entourant les inventions techniques des derniers 150 ans. Il opte pour une vue critique sur l’utilité et la nécessité de ceux-ci car il craint une société de plus en plus impersonnelle. Vu que le texte a été rédigé en 2000, donc à la fin du millénaire dont il parle, et pour un exercice de traduction d’un examen de maturité, nous comprenons qu’à l’époque, c’était un sujet qui occupait les gens. On peut bien s’imaginer que les professeurs du lycée voulaient encourager leurs élèves à y penser.

jeudi 24 septembre 2015

1 - TRADUCTION

a) Justice, par Tonia, 24.09.15 > révisée

Le directeur du pénitencier me salua2 poliment3 et nous nous assîmes. “Monsieur Spät”, ainsi commença-t-il l'entrevue, «le détenu Isaak Kohler a demandé à ce que vous lui rendiez visite. J'ai permis la rencontre et vous allez parler à Kohler en présence d'un gardien.» 
Je savais de l'avocat Stüssi-Leupin qu'il avait la permission de parler à ses clients sans témoins.
“Stüssi-Leupin possède notre confiance”, répondit-il à ma question.“Je ne veux pas dire que nous nous méfions de vous, mais nous ne vous connaissons pas encore.”
“Je comprends.”
“Et encore autre chose, Monsieur Spät”, ajouta-t-il, déjà plus aimable.
“Avant que vous parliez1 à Kohler, je veux quand même vous annoncer ce que je pense de lui. Peut-être que c'est important pour vous. Entendez-moi bien. Ça ne m'intéresse pas de savoir pourquoi les gens que je dois surveiller sont ici. Ça ne me regarde pas. Mon devoir, c'est exclusivement l'exécution pénale. Pour cette raison, je ne dis rien de ses crimes, seulement que cet homme me déconcerte un peu.”
“Comment?”, demandai-je.
Le directeur du pénitencier hésita un peu avant de répondre: “Cet homme paraît être absolument heureux”, dit-il.
“Mais ça devrait vous faire plaisir”, dis-je.
“Bof - je ne sais pas”, répondit le directeur.
“Votre entreprise est après tout une entreprise modèle”, dis-je.
“Je fais de mon mieux”, soupira-t-il, “mais quand même. Un millionnaire qui est heureux dans sa cellule, ça me paraît étrange.”
Je m'allumai une Parisienne. Il me glissa un cendrier. “Monsieur Spät”, continua le directeur du pénitencier, “imaginez-vous un détenu qui ose dire franchement qu'il trouve l'établissement pénitentiaire merveilleux, les gardiens capables, qu'il est complètement heureux et qu'il n'a besoin de rien. Incroyable. J'étais tout simplement choqué.”

                                                                                  (d'après F. Dürrenmatt, Justiz)

b) Trois points de grammaire:
1) Le subjonctif: On emploie le subjonctif dans les subordonnées temporelles introduites par avant que.
2) Passé simple: Quand il s'agit d'actions multiples, le passé simple les présente comme successives; c'est pourquoi il convient à la narration.
3) Formation des adverbes: L'e féminin a disparu de l'orthographe dans les adverbes où l'e était précédé d'une voyelle. Poli, poliment.

c) Sur le thème:
Justice est un roman policier de l'écrivain suisse Friedrich Dürrenmatt, publié en 1985. Dans ce roman, Monsieur Spät, un jeune avocat, raconte à la première personne ses recherches concernant le meurtre d'un professeur. Isaak Kohler qui est soupçonné d'être coupable veut que l'avocat prouve son innocence. L'extrait met en scène le moment avant la première rencontre entre Spät et Kohler.

1) TRADUIRE: 'Jean-Luc persécuté' d'après C.-F. Ramuz.

A) JEAN-LUC PERSÉCUTÉ

Jean-Luc Robille prît son chapeau et son bâton après avoir mangé, parce qu’on eut convenu qu’il irait cette dimanche à Sasseneire pour regarder une chèvre. Alors il donnait un bisou à sa femme, puisqu’il l’aimait beaucoup et ils étaient mariés depuis deux années seulement. Elle lui demanda : « Quand seras-tu de retour ? » Il répondit : « Vers six heures. Maintenant je dois me dépêcher, parce que Simon m’attend, et il ne l’aime pas quand on le laisse attendre. » Mais avant qu’il quitta la maison, il pénétra dans la chambre sur la pointe des pieds et alla vers le berceau ou dormait le petit, qui naquit il y un an. « Fais attention ! » s’écria Christine. Il s’est déjà penché en avant, mais il ne la baisa pas comme il l’aurait voulu faire encore avant, il regarda seulement comme il dormait. C’était un garçon costaud fut allongé d’onze mois et deux semaines (car au début on compte encore les semaines et les jours), ses choux étaient vernies et la grande tête ronde fut sur le coussin. Le berceau qui fut fait par Jean-Luc lui-même, car il était menuisier de métier et il travailla même dans ce métier avant de prendre en charge la maison de sa mère. Alors il se pencha un moment au-dessus du berceau, puis il retourna dans la cuisine et ouvrit la porte. « Adieu, ma femme », dit-il et la baisa encore une fois.
(…)
Il retourna à la maison plus tôt que prévu, monta les escaliers, poussa le loquet ; la porte était fermée. Il pensa : »Elle sera allée chez Marie », il se courba et prit la clé sous le tas de bois ou on l’avait caché. Puis il pensa : « Je veux voir si elle se trouve chez Marie. » Là il ne la trouva pas et Marie n’avait pas vu Christine, ainsi le mari de Marie qui lisait le journal et leva maintenant les yeux et dit à Jean-Luc, puisqu’il aimait plaisanter : « Si on a une femme on ne peut pas la laisser seule. » Jean-Luc ne répondit rien, il était inquiété.

B) EXPLICATION DE GRAMMAIRE

1. Concordance des temps :
 a) imparfait b) passé composé c) passé simple

a) L’imparfait décrit une action dans le passé qui est une répétition, un état ou une action qui est interrompu par une autre étape dans le récit. Exemple : Elle dérangea son père qui lisait le journal.

b) Le passé composé décrit une action finie dans le passé. L’action commence et fini au passé et elle a une certaine influence au présent ou même au futur. Exemple : Elle s’est levée, puis elle a pris une douche et finalement elle a mangé son petit-déjeuner.

c) Le passé simple a les mêmes caractéristiques comme le passé composé, mais dans la langue soutenue voire littéraire. Exemple : Le Duc d’ Anjou naquît en 1551 à Fontainebleau et fut élevé (passé antérieur) par Jéléna, sa maîtresse qui l’emmena toujours à la messe dans la cathédrale de Notre-Dame à Paris.

2. Pronoms et leurs positions
Les pronoms se placent toujours avant le verbe conjugué, sauf s’il y a dans la phrase un verbe à l’infinitif, dans ce cas-là le pronom se place avant l’infinitif. Exemple : Je vais la lui donner. (donner qc. à qn.)
aider à qn.--> je lui aide.
aimer qn.-->je l’aime.

3. Les connecteurs logiques de raison :
parce que (weil), car (denn), alors (also, so), puisque (weil) Exemples : Il mangea parce qu’il avait faim alors il prit le pain et le coupa puisqu’il l’aimait ainsi.

C) THÈMES EXPRIMÉS DANS L’EXTRAIT ET LEURS SIGNIFICATIONS

Jean-Luc quitte sa femme et lui dit adieu pour s’occuper de ses affaires. Déjà l’expression « adieu » indique au lecteur qu’il ne la reverra probablement jamais, parce que si on était convaincu de se revoir on dirait plutôt « au revoir » au lieu de « adieu ». En outre mentionne le mari de Marie qu'il ne faut jamais laisser sa femme seule, Avec la disparition de Christine ce commentaire taquinant obtient une signification plus large et lourde. Bref, cet extrait nous dévoile la puissance des petits mots.

Noir Désir - Le vent nous portera