jeudi 29 octobre 2015

Traduction révisée Andrina

Le poids du monde
Hier, j’ai rencontré une femme qui m’a dit qu’elle m’avait vu, il y a dix ans, très maigre avec un pantalon de velours. C’était une femme qui avait déjà été partout et qui avait parlé partout avec les gens du pays pour connaître leurs modes de vie. Elle avait aussi fait tout ce qu’on devait avoir fait selon la mode présente. Maintenant elle était ici dans la capitale pour « prendre des contacts pour un garçon que je connais depuis longtemps ». Elle habite en Champagne avec un physicien et un sociologue; ils possèdent une poule qui pond quelquefois un œuf. Tout à coup j’ai eu besoin de boire une eau-de-vie sur quoi elle a voulu aller acheter une salade et un avocat. Elle avait la manie de toujours raconter tout ce qu’elle avait déjà fait, tout ce qu’elle était en train de faire et tout ce qu’elle ferait; et quand je lui ai demandé si elle n’était peut-être pas quelquefois paresseuse, elle s’est sérieusement indignée, sur quoi je lui ai dit qu’il était pourtant dommage de voir combien de personnes inoccupées faisaient immédiatement et continuellement état de leurs innombrables occupations. Puis je lui ai raconté l’histoire de R. Mitchum et de sa piscine et que je préférais aussi, comme lui, répondre à tous ceux qui me demandaient ce que j’étais en train de faire: « Rien. Je suis couché comme toujours à côte de ma piscine. » Je me suis éloigné vite de la femme et je lui ai dit qu’on se reverrait peut-être dans dix ans. Après, j’ai eu un peu pitié d’elle, mais je ne sais pas jusqu’à présent de quelle façon on peut aider ces gens-là à se trouver soi-même et à rencontrer les autres. Peut-être en leur donnant une gifle?
(d’après P. Handke, dans Le poids du monde, un journal)


Explication de grammaire
1.     Le contraste entre le passé composé et l’imparfait : On utilise le passé composé pour des actions ponctuelles qui sont terminées et entières. Cependant on choisit l’imparfait pour des actions du passé dont la durée de l’action n’est pas définie, pour les descriptions et pour les actions qui se répètent.
2.     Attention au verbe « demander » ! Nombreuses des personnes pensent à cause de l’allemand que c’est « demander qch qn » (complément d’objet direct). Mais c’est faux. Il s’agit d’un complément indirect, donc « demander qch à qn. Un autre verbe qu’on utilise souvent incorrectement est « aider ». Celui-ci est lié à un complément direct, donc « aider qn ».
3.     Concordance des temps dans le discours indirect: Si le verbe de la phrase introductive est au présent (ex.: il dit), les temps du discours restent les mêmes. Dans certains cas il faut changer la personne du verbe (1re personne 3e personne) ou les adverbes temporels. Exemple : Il dit : «Je me lave tous les matins.» Il raconte qu’il se lave tous les matins.
Si le verbe de la phrase introductive est à un temps du passé (ex: il disait), il faut faire une modification des temps du discours. Le tableau suivant présente les règles de la concordance des temps :

Discours direct
Discours indirect
Présent
Imparfait
Passé composé/passé simple
Plus-que-parfait
Imparfait
Imparfait/plus-que-parfait
Futur simple
Conditionnel présent
Futur antérieur
Conditionnel passé
Conditionnel présent
Conditionnel présent
Conditionnel passé
Conditionnel passé
Ex : Il a dit : «Elle a fait un gâteau.»
Il a dit qu’elle avait fait un gâteau.
Il a raconté : «Dans un mois, je serai à Paris.»
Il a raconté qu’un mois plus tard, il serait à Paris.

Le thème du texte
Peter Handke est un écrivain et traducteur autrichien et est né en 1942. Le poids du monde, écrit entre novembre en 1975 et mars 1977, est composé de 14 carnets et constitue son journal. Mais selon Laurent Javaloyes et Pierre Maillet « ce n'est pas un journal au sens habituel du terme; il ne s'agit ni d'introspection, ni de considérations sur le cours du monde, mais de notations anonymes - encore que personnelles au plus haut point - accessibles à chacun. » Donc, il s’agit ici d’un texte à la première personne qui nous raconte une expérience personnelle avec une femme. Celle-ci ne fait pas grande chose dans sa vie et ne travaille pas, mais en même temps elle observe toujours les autres, commente leurs actions et se plaint d’eux. Le journal est fait de situations différentes où « transparaît un autre poids du monde, celui qu'on porte sur le dos sans forcément le savoir »[1].



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