Sujet
René Magritte (1898 – 1967) est un peintre
surréaliste belge. Après avoir fréquenté l’Académie royale des beaux-arts de
Bruxelles, il fait connaissance avec des groupes surréalistes de Bruxelles et
en 1927, il rencontre le surréalisme parisien avec tous ses représentants
(d’André Breton à Salvador Dalí).
Quant à la caractéristique de ses œuvres,
elles jouent souvent sur le décalage entre un objet et sa représentation. La
peinture de Magritte s’interroge sur sa propre nature et sur l’action du
peintre sur l’image, c’est-à-dire que sa peinture n’est jamais une
représentation d’un objet réel, mais l’action de la pensée du peintre sur cet
objet.
I : Interviewer
R : René Magritte
H : invité
I je crois qu’une dé- démarche
essentielle de votre art c’est de défamiliariser ce qui est banale ou ce qui
est familier
R oui en effet eh je cois
qu’il y a un sentiment familier de la poésie et ce sentiment familier de la
poésie ça serait ce que par facilité j’appellerai ce le sentiment de touriste
I oui
R qui vont chercher très
loin la poésie et la poésie qu’ils trouvent ils la connaissent d’avant il
s’agit d’une poésie familière donnée par des choses très étrangères alors que
le familier lui peut être l’occasion de découvrir la poésie qui n’est pas
familière la poésie inconnue
((montrant un tableau))
La traversé difficile tel est le titre de ce tableau traversé des
apparences sans doute par un œil possédant le pouvoir de franchir
l’opacité l’œuvre de magritte est un théâtre merveilleux
I pensez-vous que ce soit
aussi une sorte de désir dans les hommes de voir des objets qu’ils ont
l’habitude de voir dans un certain état ou dans une certaine situation un désir
de les voir ailleurs qu’ils sont d’habitude
R ah je crois eh que
profondément ils ont ce désir déjà depuis longtemps on aurait aimé de voir
l’homme dans l’air et on a pensé à l’avion on a voulu voir l’homme où il
n’était pas d’habitude
I est-ce que la peinture
de magritte ne fait pas apparaître comme une vie secrète qui habiterait le
monde
H oui tout à fait je pense
qu’il nous montre cette autre côté des choses il nous montre ce prolongement de
de l’image concrète eh dans ses aspects les plus abstrait si l’on veut mais au
point de vue de la pensée c’est pourquoi d’ailleurs je ne parle jamais de
peinture dont il s’agit de magritte je parles des pensées-images ce sont des
pensées-images et ça je tiens beaucoup à ce mot auquel je crois il souscrit chaque
chose est le fruit d’une illumination qu’il lui découvre le mystère de la chose
le mystère du monde à travers la chose contemplée et c’est c’la qu’il nous
livre et c’est c’la qui est précieux et remplaçable chez lui
R en ce qui me concerne je
peints des images où qu’illustrait si l’en veut le contraire de cette idée de
la poésie que deux images éloignées doivent se rencontrer c’était une portre
dans laquelle il y avait une ouverture par laquelle on peut passer on peut voir
par cette ouverture le ciel ou la nuit bien sûr toute chose visible cache autre
chose de visible
I oui
R et
en cette occurrence c’est le ciel ou la nuit
I vous donnez des titres
qui sont des poèmes en eux-mêmes mais qui peut surprendre celui qui regarde
votre tableau vous montrez par exemple deux pommes qui porte l’une et l’autre
un loup et vous appelez ça
R le prêtre marié
I oui alors ça peut tout
de même surprendre le spectateur
R oui
I pourquoi donnez-vous
des titres de ce genre
R pour que le titre soit à
la hauteur de l’image il faut qu’il surprenne aussi le spectateur
I et qu’il est une sorte
d’évidence en lui-même
R mais qu’il corresponde
au tableau non pas d’une manière rationnelle pas d’une manière logique mais une
correspondance poétique
I il y a parfois dans vos
peintures un sentiment assez étrange qui se dégage je vois une pierre en
suspend en plein ciel et à ce moment-là moi j’éprouve un sentiment d’angoisse
mais j’imagine qu’on peut éprouver autre chose
R h. oui je vous éprouvez
ce sentiment d’angoisse parce que vous êtes sensible à c- à cette image si l’on
y est sensible on doit éprouver de l- du divertisse ou de l’angoisse mais
d’autre part je ne crois pas que le mystère soit quelque chose de connaissable
c’est l’inconnaissable et il se peut que cet inconnaissable provoque chez nous
de la joie également et lorsque nous rencontrons une image de l’inconnu nous
pouvons croire être dépaysés mais en fait je crois que nous somme
repaysés nous sommes là où nous désirons nous trouver
Synthèse
Dans cette interview il est question des
motifs de René Magritte qui le motivent à peindre des œuvres qui se trouvent au
dehors de leur contexte habituel et aussi des effets que les tableaux suscitent
chez les contemplateurs.
Selon Magritte, le connaissable se trouve dans
l’inconnaissable, c’est-à-dire que dans cette inconnue on retrouve ce qui nous
est familier.
En outre, on pourrait dire que Magritte
compare sa peinture à la poésie. En fait, je partage cette désignation car la
poésie possède une vertu mnémotechnique et en plus, elle parle à notre esprit.
Ces aspects sont réalisés par les œuvres de Magritte.
Et finalement, voilà des tableaux:
![]() |
Le prêtre marié, 1961 |
![]() |
La trahison des images, 1928-29 |
![]() |
Le viol, 1934 |
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