3. OUÏR-VOIR (version révisée 14/12/2015)
26/11/2015 par Anja S.
26/11/2015 par Anja S.
Saint Jacques… la Mecque
Sortie en
2005
Durée :
103 min
Réalisateur :
Coline Serreau
Scénariste :
Coline Serreau
Acteurs :
Artus de Penguern (Pierre) et Muriel Robin (Clara), Jean-Pierre Daroussin
(Claude), Pascal Légitimus (Guy), Aymen Saïdi (Ramzi), Marie Bunel (Mathilde), …
d) Pourquoi ces séquences sont-elles importantes ? – résumé et
explication
Séquence I :
Même si on ne peut pas parler d’une scène d’exposition car ce n’est pas
la première scène du film, elle montre très bien les enjeux de l’intrigue. Le
spectateur prend connaissance de la problématique principale et des attitudes
des personnages principaux à propos de celle-ci : Claude, Pierre et Clara,
frères et sœur, vivent, depuis longtemps, des vies complètement séparées et
différentes. Ce n’est que le décès de leur mère qui les réunit autour de la
table du notaire de la défunte. Mais avant de partager l’héritage et de pouvoir
continuer leurs combats quotidiens personnels, les trois doivent faire le
pèlerinage à Saint Jacques la Compostelle – ensemble, sans se séparer, malgré
leur désaccord constant sur tout ce qui regarde les deux autres.
La séquence I montre donc la première rencontre de Pierre, Clara et
Claude depuis un certain temps. Mais au lieu d’un dialogue entre les trois, on
voit plutôt un petit monologue de chacun d’eux. Ces monologues pourraient être
adressés au notaire, mais, vu que les personnages regardent la caméra en face (un
phénomène apparemment assez rare dans les longs métrages), la parole est plutôt
adressée au spectateur, une sorte d’auto-portrait intime du personnage fait à
ceux qui regardent le film. De plus, la façon de laquelle ils articulent leurs
soucis autour de l’ultime volonté de leur mère et aussi la manière de parler de
leurs soucis sont tellement exagérées et stéréotypées (le workaholic paniqué, l’employée d’état cynique, le cas social ignorant),
que le spectateur se rend déjà compte de la nature comique du film et que
jusqu’à la fin, beaucoup de choses peuvent encore changer.
Séquence II :
Voilà donc le deuxième jour de Pierre, Clara et Claude sur leur chemin à
Saint Jacques. Ils voyagent dans un groupe d’autres pèlerins dont chacun
apporte ses propres problèmes : Guy le guide, toujours en randonnée, n’est
jamais à la maison pendant que sa femme le trompe avec son meilleur ami.
Mathilde vient de vaincre son cancer. Saïd et Camille s’aiment mais n’arrivent
pas à l’avouer l’un à l’autre. Elsa, sortie du lycée, se sentait toujours
enfermée et seule dans la maison de ses parents préoccupés. Ramzi enfin, ne
sait pas lire, et sa mère l’a envoyé sur le pèlerinage (à la Mecque, comme elle
le croit, d’où le titre Saint Jacques… la
Mecque) afin qu’il apprenne la lecture. La séquence met exemplairement en
scène les beautés mais aussi les difficultés du pèlerinage: la nature vaste et
sauvage, la manière de vivre simple et saine. Mais aussi les longues marches
pénibles et avec un sac à dos trop lourd ainsi que les difficultés
interpersonnelles.
Ce sont surtout ces dernières qui, dans cette séquence, arrivent à un
point insupportable. Contrairement à la séquence précédente où on ne voyait les
personnages et leurs conflits que séparément, nous devenons les témoins du
développement des conflits en interaction. Cependant, tour à tour, Pierre,
Clara et Claude semblent endosser un rôle qu’ils vont conserver pendant tout le
film. Ce qui fait de cette scène une sorte de caricature : Pierre essaie
d’être amical avec les autres mais démontre une agressivité latente. Clara attaque
tout ce qui est dit ou fait par un de ses frères. Claude se présente comme
victime. Les tensions entre les trois débordent enfin sur tout le groupe. Mais,
même si les tentatives d’arrêter les conflits ouverts les renforcent plutôt, on
voit que dans le groupe, une résistance résonne contre les querelles
constantes. De plus, tout au début de la séquence, nous voyons comment les
personnages commencent aussi à se débarrasser de certaines choses. S’il s’agit
ici encore de bagages superflus, on peut regarder ce petit épisode comme un
présage de ce qui va se passer sur un plan psychologique et interactionnel.
e) Petite recherche sur la critique
La réception de Saint Jacques… la
Mecque est plutôt mitigée. Tandis que beaucoup de spectateurs aiment le
film et la manière dont Coline Serreau peint les personnages et leurs
problèmes, il y a pas mal de voix critiques. Si l’intrigue et le titre sont
assez originaux, la réalisation est jugée plutôt prévisible, moraliste. On
l’accuse de ne pas sortir du cliché. On reproche aussi au film de ne pas se
laisser classifier dans un genre clair; qu’il n’est ni une comédie, ni un drame,
ni un road movie, mais un mélange de
tous les trois, sans vraiment remplir les conditions d’aucun des trois. Ainsi,
on a reproché à Pascal Légitimus (Guy), Artus de Penguern (Pierre) et Muriel
Robin (Clara), les trois acteurs connus dans le genre comique, et humoristes,
représentant des personnages en difficulté, de ne jamais vraiment sortir du jeu
comique. En 2006, Muriel Robin a même reçu le « prix » de Gérard de la Plus mauvaise tentative d'un
comique dans un rôle dramatique.
D’autre part, l’interprétation de Ramzi a attiré beaucoup d’attention
sur le jeune acteur Aymen Saïdi et lui a valu une nomination pour le César du Meilleur jeune espoir masculin
en 2006
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire