lundi 30 novembre 2015



4 VOIR-ECOUTER, Version révisée, Rebekka Bütler, 30.11.15


Intervieweur: Bonjour Nathalie Kosciusko-Morizet

Nathalie Kosciusko-Morizet: Bonjour

Intervieweur: Que faut-il attendre de ce sommet européen qui se tiendra jeudi sur la crise des migrants en méditerranée?

Nathalie Kosciusko-Morizet: Des mesures d'urgence, d'abord. Des mesures d'urgence parce que ça ne peut pas continuer comme ça, puisque c'est insupportable. Parce que, voilà, quand on voit quelqu'un dans l'eau qui est en train de se noyer, le mouvement humain, le mouvement naturel c'est de plonger ou au moins, de tendre la main. Et on est chacun comme ça, et l'Europe doit être comme ça. Et donc, on a besoin de mesures d'urgence.

Intervieweur: Oui.

Nathalie Kosciusko-Morizet: Et puis il ne faudra pas en rester aux mesures d'urgence. Et on aura besoin aussi des mesures de fond. Pour lutter contre les réseaux de passeurs. Parce que c'est le pire des trafics, le trafic d’êtres humains, d'hommes, de femmes, d'enfants. C'est le trafic de la misère qui se développe là-bas, qui se développe, ce n’est pas juste quelque chose qui est stable, c'est, on le voit bien, c'est de pire en pire. Derrière sont des réseaux entiers.

Intervieweur: Il faut aller frapper les trafiquants, militairement, notamment en Lybie ?

Nathalie Kosciusko-Morizet: Il faut se poser la question de toutes les mesures pour démanteler ce trafic d'hommes, de femmes, d'enfants, ces trafics, d'êtres humain, qui, tous les témoignages disent, non seulement existent, mais se développent.  Il y a une économie du trafic, de la violence sur les êtres humains dans ces pays, qui va, se développant en profondeur, dans le territoire, on ne peut pas continuer comme ça. Et ce qui se passe dans la région méditerranée, peut-être la partie est immergé de l'iceberg. Parce que les réseaux, ils se développent en profondeur dans le territoire d'ailleurs, on parle de camp, on parle de torture.

Intervieweur: Le sujet fait débat, Nathalie Kosciusko-Morizet, il y a eu cet échange sur Twitter. L’Europe doit se doter d'une véritable politique d'immigration pour éviter ces drames, a écrit Nicolas Sarkozy, c'est ce que vous dites à l'instant. Sur quoi Marine le Pen a répondu, toujours sur Twitter : Comment osez-vous jouer les pompiers ? Votre politique étrangère a mis le feu à la région et a accru la pression migratoire, allusion, bien sûr, à la guerre qui a été menée en 2011 en Lybie.

Nathalie Kosciusko-Morizet: D'abord je le redis. Il y a une urgence humanitaire. La réaction naturelle quand on voit un homme qui est en train de se noyer, c'est soit de plonger, soit au moins de tendre la main. Donc, tous les arguments des échanges politiques sont légitimes, mais dans le contexte qu'on vit, ils sont seconds. Ils viennent après, ils viennent dans un deuxième temps. Quand quelqu'un est en train de se noyer, vous ne lui demandez pas d'abord ses papiers. C'est normal, c'est naturel. Pour chacun entre nous et pour ce grand continent qui porte des valeurs à travers le monde, qui est l'Europe, la première chose à faire ce n’est pas de demander ses papiers, c'est de sauver les gens. Après, il faut en effet se poser la question des responsabilités, de stress pour résoudre les problèmes, pour aller en profondeur des problèmes, pour faire un effort, que ça ne se reproduise pas, pour aller éradiquer le mal, le problème à sa racine. Et je trouve qu'il y a vraiment un mauvais débat qui est énoncé ici ou là sur le conflit en Lybie. Parce que c'est ça derrière l'échange entre Nicolas Sarkozy et Marine Le Pen. C'est la question du conflit en Lybie. Mais remettons-nous dans le contexte de l'époque. Dans le contexte de l’époque, il y avait Kadhafi qui annonçait au monde qu'il allait faire couler des rivières de sang. Plus cents de son peuple qu'il a écrasé à Benghazi à l'époque si on aurait rien fait. A l'époque si on n'était pas intervenu en Lybie, les mêmes qui aujourd'hui disent, oh, l'intervention en Lybie, finalement, ce n’était pas génial, les mêmes auraient hurlé en disant que c'était de la non-insistance à personne enragé. Et probablement auraient eu raison...

Intervieweur: Ce qui est reproché aujourd’hui, on va peut-être boucler rapidement là-dessus, c'est qu'il n'y pas a eu de what's next, qu'est-ce que l'on fait après. C'est le problème de tout ce conflit.

Nathalie Kosciusko-Morizet: C'est une évidence. Et c'est une responsabilité qui, si on tient absolument à chercher les origines, doit être au moins partagée. Parce que vous voyez, Benghazi, ça se passe de mémoire à l’hiver et au printemps 2011. L'intervention fait suite. Et l'intervention, elle va être finie autour de l'automne 2011. Après il y a eu la mise en place d’une période de transition, qui ne s’est pas si mal passée. Il y a notamment eu des élections démocratiques. Ça devait être en juillet 2012, avec une grande, forte participation, moi ça m’avait frappé, ce n’est pas toujours évident dans cette période de transition, et la victoire d'une coalition modérée. Ça commençait pas mal. Et puis après, c'est vrai qu'il n’y a pas eu de suivis démocratiques. Et probablement, c'est une des erreurs et des insuffisances, notre difficulté à assurer de transition démocratique après une intervention militaire.

Intervieweur: Alors nous revenons à une politique plus nationale, mais ce qui est une conséquence des récents attentats. Il y a la loi renseignement qui est discutée au parlement, le président de la République, François Hollande, va saisir le Conseil constitutionnel, vous la jugez liberticide, cette future loi?

Nathalie Kosciusko-Morizet: D'abord je crois qu'il fallait une loi. Je trouve que c'est une bonne chose qu’il y ait une loi. Et ça fait deux années qu'on l'attendait. Parce que, en fait, qu'est-ce qui se passe aujourd'hui ? Il y a une espèce de zone grise. Il y a beaucoup d'hypocrisie.

Deux points de grammaire
Hypothèse au passé :
Pour une hypothèse qui est irréalisable et dont la conséquence se trouve au passé on utilise le plus-que-parfait pour le verbe introduisant l’hypothèse et le conditionnel passé pour décrire la conséquence.
Exemple : « A l'époque si on n'était pas intervenu en Lybie, les mêmes qui aujourd'hui disent oh, l'intervention en Lybie finalement ce n’était pas géniale, les mêmes auraient hurlé en disant que c'était de la non-insistance à personne engagé. »

Les pronoms personnels :
Dans une phrase française, l’ordre normal des mots est : Sujet – verbe – objet. Dans l’ordre pronominal, l’objet change de place, c’est-à-dire, le pronom avec la fonction d’un complément direct ou indirect se met avant le verbe conjugué. (Exception : Je ne vais pas lui demander.)
Exemple : « Quand quelqu'un est en train de se noyer, vous ne lui demandez pas d'abord ses papiers. »

Exercice audiovisuel
A) Ecoutez cette interview. Choisissez l’énoncé qui vous semble le plus près de l’opinion déclarée par Mme Kosciusko-Morizet :
1) Le plus urgent est de traiter le problème à sa racine. Il faut se doter d’une politique d’immigration pour éviter ces drames.
2) Il faut de l’aide d’urgence pour les gens concernés. Et puis il faut des arguments politiques pour traiter le problème à sa racine.
3) La racine du problème est en Lybie, il faut donc des mesures d’urgence en Lybie. L’intervention militaire est une première étape pour aider.

B) Mettre en ordre chronologique les passages suivants :
Le débat entre Nicolas Sarkozy et Marine Le Pen

L’intervention en Lybie

La nouvelle loi

Le sommet européen

La période de transition


C) Répondez aux questions
·  Par quel média Nicolas Sarkozy a discuté avec Marine le Pen ?
·  Quel trafic est, selon Nathalie Kosciusko-Morizet, le pire des trafics ?
·  Qu’est-ce qui s’est passé à l’automne 2011 ?
·  De quel conflit politique s’agit-il principalement ?
·  Quels reproches ont été faits à l’intervention militaire en Lybie ?
·  Quel fait a frappé Mme Kosciusko-Morizet ?


Solutions
A) Opinion 2
B)
Le débat entre Nicolas Sarkozy et Marine Le Pen
3
L’intervention en Lybie
2
La nouvelle loi
5
Le sommet européen
1
La période de transition
4

C)
·  Par quel média Nicolas Sarkozy a discuté avec Marine le Pen ?
Twitter
·  Quel trafic est, selon Nathalie Kosciusko-Morizet, le pire des trafics ?
Le trafic d’êtres humains, d’hommes, de femmes, d’enfants.
·  Qu’est-ce qui s’est passé à l’automne 2011 ?
L’intervention en Lybie s’est terminée.
·  De quel conflit politique s’agit-il principalement ?
Le conflit en Lybie.
·  Quels reproches ont été fait à l’intervention militaire en Lybie ?
Il n’y a pas eu de propositions de ce qu’on fait après l’intervention.
·  Quel fait a frappé Mme Kosciusko-Morizet ?
Il y a eu des élections démocratiques avec une grande participation en Lybie pendant la période de transition.

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