le 24 novembre, par Laura Fuchs
RTS 26 minutes
L’entretien de la
rédaction : Zep
Intervenants :
P : présentateur
Z : Zep
V : Hubert Vandemelebroeck
P : Il est
le deuxième auteur de BD francophone vivant, le plus lu sur terre, il aime le
rock, les mèches et la vigne, n’aime pas la guerre, la xénophobie et les choux
Bruxelles. Merci d’accueillir Zep !
Z :
Bonsoir !
P :
Bonsoir ! Bienvenue !
V :
Bonsoir !
P : Je vous
présente Hubert Vandemelebroeck, critique de BD, qui a lu votre dernier album.
Z : Oui,
disons, je l’ai plutôt regardé, tant qu’il est vrai qu’il n’y a pas grand-chose
à lire dans les phylactères et dans les petites légendes que vous, que vous
placez à droite ou à gauche du dessin…
P : Oui, cet
album, on va y venir, mais d’abord : Zep, vous êtes un dessinateur au
succès mondial. Vous avez un château, des vignes, des enfants, une jolie femme,
des millions sur votre compte en banque. Aujourd’hui, qu’est-ce qui vous
manque ?
V : Du
talent !
Z : Ben, il
manque toujours un nouveau livre. En fait j’ai toujours envie de dessiner et
d’en faire de nouveaux projets.
P : Vous
êtes déjà maintenant en train de penser au suivant ?
Z : Je suis
plus qu’en train d’y penser, je travaille dessus. Il y a un livre qui sort dans
un mois et un qui sort en mois d’avril. Il y a toujours des projets en cours.
V : L’usine
marche à plein !
P : Votre
dernier album est sorti le 21 octobre, le voilà ! Quel est son
titre ?
Z :
« What a Wonderful world »
V :
Comment ?
P : Vous
arrivez à le dire plus vite ?
Z :
« What a Wonderful world »
P : Très
bien. C’est un recueil de dessins que vous avez d’abord publiés sur le site du
journal le Monde…
V : Ah oui,
ça c’est typique. D’abord, quand on s’appelle Zap, on peut publier des dessins
à vil prix sur le Monde, et après on fait encore de la thune avec un livre. La
machine à couilles d’or tourna plein !
P : Il y a
quelques inédits quand-même, non ?
Z : Oui, ce
sont les pages du blog, plus d’une vingtaine de pages inédites, oui.
V : Donc
vous êtes payé du Monde et vous êtes payé de Delcourt, payé trois fois. Vous
allez faire quoi, des pins ?
P :
Calmez-vous, calmez-vous !
V : Mais je
m’intéresse d’abord à la réponse ! J’ai des questions, on m’a invité pour
que je pose des questions ou est-ce qu’on m’a invité pour que je ne pose pas de
questions ?
P : Si,
lorsque je vous donne la parole. Ça y est, Zep ?
Z : Depuis
« Johan et Pirlouit », j’ai un petit peu changé.
V :
J’adorais ! Quelles belles aventures !
Z : À
l’époque, la bande dessinée paraissait dans la presse, et aujourd’hui comme la
presse publie plus tellement de bandes dessinées…
V :
lemonde.fr
...Voilà lemonde.fr,
les blogs permettent d’avoir ce nouveau, enfin, ce rapport que la BD avait avec
le public avant.
P : Vous
êtes devenu un dessinateur de presse ?
Z : Non, je
suis un dessinateur et je dessine sur un support de presse, mais je ne suis pas
un dessinateur de presse, comme Mix ou Chappatte, qui réagit vraiment à
l’actualité.
V :
Qui ?
Z : Mix ou
Chappatte.
P : Mais
pourquoi, pourquoi ne voulez-vous pas faire de dessins de presse, est-ce que
vous avez peur de trop donner votre avis ?
Z : C’est un
autre métier, vraiment, c’est un métier qui a une approche plus journalistique
de l’actu. Moi j’aime bien raconter une histoire… la manière dont l’actu vient
de me toucher dans mon quotidien, mais je ne suis pas un commentateur politique
ni un journaliste.
V : Si je
peux me permettre mon avis
de Monsieur Zap sur le monde, c’est un avis de bobo bien-pensant qui est
contre la guerre, pour les migrants, pour la paix, mais quelle audace, quel
courage !
P : C’est
une thématique qu’on peut aussi retrouver dans votre livre.
Z :
Effectivement. Il y a des thématiques qui sont directement liées à l’actu et,
des fois, c’est des histoires de slip quoi.
V : Par
exemple, vous êtes contre les attentats de Charlie Hebdo.
Z : Je suis
assez contre, oui.
V : Contre
la guerre.
P : Comme
beaucoup de monde, Monsieur Vandemelebroeck.
V : C’était
précisément mon propos : montrer à quel point c’était mainstream.
P : OK. Vous
avez l’impression de faire du dessin social ou politique quand même ?
Vous avez espéré semer des graines chez les gens ?
Z : Oui, je
pense, oui. Enfin, un aspect éducatif de mon travail, c’est d’apprendre à rire
de soi-même. Donc je me mets en scène comme personnage, et je me mets souvent
tout nu, et d’ailleurs je trouve qu’il n’y a pas grand-chose de plus rigolo à
dessiner qu’une bite. Mais de temps en temps il y a aussi des sujets d’actu.
V : C’est
facile à dessiner. Moi je dois dire que…
Z : Ce n’est
pas si facile à dessiner !
V : Une
bite, ça dépend si c’est une belle bite…
P : Il fait
du dessin politique ?
V : Alors je
ne saurais dire si Monsieur Zup fait du dessin politique ou du dessin social.
Je dirais plutôt, il fait du dessin psychologisant. Vous savez comme ces
humoristes qui font maintenant du stand-up, qui racontent leur vie. J’ai noté
ici sur ma feuille les thèmes qu’il aborde dans ce livre : les selfies,
les poils du pubis dans les toilettes, la peur de vieillir, la peur de
perdre ses cheveux ou la peur de perdre sa vue, les nichons de votre gonzesse,
votre pénis qui apparaît à une page sur trois. Votre livre, c’est une
démonstration de narcissisme abject, dirais-je.
Z : Il n’y a
pas que mon pénis…
P : Il y a
d’autres pénis. Votre réaction par rapport à ça ?
V : C’est
narcissique !
Z : C’est vrai, il y a une approche psychologique, il y a une étude
psychologique de l’homme à travers la position du pénis dans le maillot de
bain.
V : C’est passionnant ! Comme ça fait changer la terre
P :
Juste…C’est Zep.
V : Zap.
P : Zep.
Z-E-P, essayez !
V : Zeup.
Pourquoi ce nom ridicule ?
Z : C’est un
mot qui est dur à prononcer en Belgique, j’avais déjà remarqué.
Analyse linguistique
Le discours de M.
Vandemelebroeck est marqué d’énoncés implicites, des présuppositions et des
sous-entendus. L’intention de son discours n’est pas dite, mais impliquée par
un usage de métaphores et d’exemples. Il crée des images qui nous révèlent son
avis. Toutes ces métaphores ont une fonction de critique implicite du personnage
et de l’œuvre de Zep, mais cette critique est également ironique et provoquante.
Avec l’image de « l’usine » qui « marche à plein », il
déclenche le sentiment de production de masse, ce qui est une dévalorisation du
travail du dessinateur et en même temps une exagération qui provoque l’ironie.
Mais la métaphore
n’est pas le seul moyen de mener un discours implicite. M. Vandemelebroeck cite
la position bien répandue d’être contre l’attentat de Charlie Hebdo afin de
démontrer que Zep partage un à la mode. C’est là où il utilise une expression
empruntée à l’anglais, être « mainstream », pour souligner l’aspect
d’être à la mode. Mais cette expression a une connotation plutôt négative et
surtout autant qu’artiste il est très important d’être original et unique en ce
qui concerne son travail. Voilà une nouvelle critique sous-entendue.
Pourtant il faut
prendre en compte le cadre de cet entretien. 26 minutes est une émission
satirique des deux Suisses Vincent Kucholl et Vincent Veillon et le présentateur
et le critique de BD belge sont des rôles qu’ils jouent. Vu sous cet angle,
l’entretien ressemble à une pièce de théâtre satirique dans laquelle Zep est le
seul personnage authentique.
Répondez aux
questions suivantes sans regarder la transcription :
1.
Comment
s’appelle le nouvel album de Zep ?
2.
Zep
est
o musicien de rock o dessinateur o psychologue
3.
D’après
M. Vandemelebroeck, qu’est-ce qui manque à Zep ?
o du talent o une jolie
femme o un nouveau livre
Et qu’est-ce qui lui manque selon lui-même ?
o du talent o une jolie
femme o un nouveau livre
4.
Quelle
est la métaphore utilisée par M. Vandemelebroeck pour dire que Zep gagne
beaucoup ?
5.
Notez
trois expressions qui sont empruntées à l’anglais. Elles sont utilisées par quel
intervenant ?
6.
Qui
sont Mix et Chappatte ?
7.
Quel
est la voie d’aujourd’hui que les dessinateurs utilisent afin d’entretenir le
rapport de la BD avec le public ?
8.
Quel
est l’aspect éducatif du travail de Zep ?
9.
Pourquoi
M. Vandemelebroeck a du mal à prononcer le nom « Zep » ?
Réponses:
1. What a Wonderful World
2. dessinateur
3. du talent, un nouveau livre
4. la machine à couilles d'or tourne à plein!
5. M. Vandemelebroeck utilise des expressions comme: des selfies, stand-up, mainstream.
6. Ce sont des dessinateurs de presse, qui réagissent avec leurs dessins à l'actualité.
7. Les blogs
8. D'apprendre à rire de soi-même.
9. Parce qu'il est belge.
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