mercredi 18 novembre 2015

4 - VOIR-ECOUTER


le 24 novembre, par Laura Fuchs

RTS 26 minutes
L’entretien de la rédaction : Zep

Intervenants :
P : présentateur
Z : Zep
V : Hubert Vandemelebroeck

P : Il est le deuxième auteur de BD francophone vivant, le plus lu sur terre, il aime le rock, les mèches et la vigne, n’aime pas la guerre, la xénophobie et les choux Bruxelles. Merci d’accueillir Zep !

Z : Bonsoir !

P : Bonsoir ! Bienvenue !

V : Bonsoir !

P : Je vous présente Hubert Vandemelebroeck, critique de BD, qui a lu votre dernier album.

Z : Oui, disons, je l’ai plutôt regardé, tant qu’il est vrai qu’il n’y a pas grand-chose à lire dans les phylactères et dans les petites légendes que vous, que vous placez à droite ou à gauche du dessin…

P : Oui, cet album, on va y venir, mais d’abord : Zep, vous êtes un dessinateur au succès mondial. Vous avez un château, des vignes, des enfants, une jolie femme, des millions sur votre compte en banque. Aujourd’hui, qu’est-ce qui vous manque ?

V : Du talent !

Z : Ben, il manque toujours un nouveau livre. En fait j’ai toujours envie de dessiner et d’en faire de nouveaux projets.

P : Vous êtes déjà maintenant en train de penser au suivant ?

Z : Je suis plus qu’en train d’y penser, je travaille dessus. Il y a un livre qui sort dans un mois et un qui sort en mois d’avril. Il y a toujours des projets en cours.

V : L’usine marche à plein !

P : Votre dernier album est sorti le 21 octobre, le voilà ! Quel est son titre ?

Z : « What a Wonderful world »

V : Comment ?

P : Vous arrivez à le dire plus vite ?

Z : « What a Wonderful world »

P : Très bien. C’est un recueil de dessins que vous avez d’abord publiés sur le site du journal le Monde…

V : Ah oui, ça c’est typique. D’abord, quand on s’appelle Zap, on peut publier des dessins à vil prix sur le Monde, et après on fait encore de la thune avec un livre. La machine à couilles d’or tourna plein !

P : Il y a quelques inédits quand-même, non ?

Z : Oui, ce sont les pages du blog, plus d’une vingtaine de pages inédites, oui.

V : Donc vous êtes payé du Monde et vous êtes payé de Delcourt, payé trois fois. Vous allez faire quoi, des pins ?

P : Calmez-vous, calmez-vous !

V : Mais je m’intéresse d’abord à la réponse ! J’ai des questions, on m’a invité pour que je pose des questions ou est-ce qu’on m’a invité pour que je ne pose pas de questions ?

P : Si, lorsque je vous donne la parole. Ça y est, Zep ?

Z : Depuis « Johan et Pirlouit », j’ai un petit peu changé.

V : J’adorais ! Quelles belles aventures !

Z : À l’époque, la bande dessinée paraissait dans la presse, et aujourd’hui comme la presse publie plus tellement de bandes dessinées…

V : lemonde.fr

...Voilà lemonde.fr, les blogs permettent d’avoir ce nouveau, enfin, ce rapport que la BD avait avec le public avant.

P : Vous êtes devenu un dessinateur de presse ?

Z : Non, je suis un dessinateur et je dessine sur un support de presse, mais je ne suis pas un dessinateur de presse, comme Mix ou Chappatte, qui réagit vraiment à l’actualité.

V : Qui ?

Z : Mix ou Chappatte.

P : Mais pourquoi, pourquoi ne voulez-vous pas faire de dessins de presse, est-ce que vous avez peur de trop donner votre avis ?

Z : C’est un autre métier, vraiment, c’est un métier qui a une approche plus journalistique de l’actu. Moi j’aime bien raconter une histoire… la manière dont l’actu vient de me toucher dans mon quotidien, mais je ne suis pas un commentateur politique ni un journaliste.

V : Si je peux me permettre mon avis de Monsieur Zap sur le monde, c’est un avis de bobo bien-pensant qui est contre la guerre, pour les migrants, pour la paix, mais quelle audace, quel courage !

P : C’est une thématique qu’on peut aussi retrouver dans votre livre.

Z : Effectivement. Il y a des thématiques qui sont directement liées à l’actu et, des fois, c’est des histoires de slip quoi.

V : Par exemple, vous êtes contre les attentats de Charlie Hebdo.

Z : Je suis assez contre, oui.

V : Contre la guerre.

P : Comme beaucoup de monde, Monsieur Vandemelebroeck.

V : C’était précisément mon propos : montrer à quel point c’était mainstream.

P : OK. Vous avez l’impression de faire du dessin social ou politique quand même ? Vous avez espéré semer des graines chez les gens ?

Z : Oui, je pense, oui. Enfin, un aspect éducatif de mon travail, c’est d’apprendre à rire de soi-même. Donc je me mets en scène comme personnage, et je me mets souvent tout nu, et d’ailleurs je trouve qu’il n’y a pas grand-chose de plus rigolo à dessiner qu’une bite. Mais de temps en temps il y a aussi des sujets d’actu.

V : C’est facile à dessiner. Moi je dois dire que…

Z : Ce n’est pas si facile à dessiner !

V : Une bite, ça dépend si c’est une belle bite…

P : Il fait du dessin politique ?

V : Alors je ne saurais dire si Monsieur Zup fait du dessin politique ou du dessin social. Je dirais plutôt, il fait du dessin psychologisant. Vous savez comme ces humoristes qui font maintenant du stand-up, qui racontent leur vie. J’ai noté ici sur ma feuille les thèmes qu’il aborde dans ce livre : les selfies, les poils du pubis dans les toilettes, la peur de vieillir, la peur de perdre ses cheveux ou la peur de perdre sa vue, les nichons de votre gonzesse, votre pénis qui apparaît à une page sur trois. Votre livre, c’est une démonstration de narcissisme abject, dirais-je.

Z : Il n’y a pas que mon pénis…

P : Il y a d’autres pénis. Votre réaction par rapport à ça ?

V : C’est narcissique !
                                           
Z : C’est vrai, il y a une approche psychologique, il y a une étude psychologique de l’homme à travers la position du pénis dans le maillot de bain.

V : C’est passionnant ! Comme ça fait changer la terre

P : Juste…C’est Zep.

V : Zap.

P : Zep. Z-E-P, essayez !

V : Zeup. Pourquoi ce nom ridicule ?

Z : C’est un mot qui est dur à prononcer en Belgique, j’avais déjà remarqué.


Analyse linguistique

Le discours de M. Vandemelebroeck est marqué d’énoncés implicites, des présuppositions et des sous-entendus. L’intention de son discours n’est pas dite, mais impliquée par un usage de métaphores et d’exemples. Il crée des images qui nous révèlent son avis. Toutes ces métaphores ont une fonction de critique implicite du personnage et de l’œuvre de Zep, mais cette critique est également ironique et provoquante. Avec l’image de « l’usine » qui « marche à plein », il déclenche le sentiment de production de masse, ce qui est une dévalorisation du travail du dessinateur et en même temps une exagération qui provoque l’ironie.
Mais la métaphore n’est pas le seul moyen de mener un discours implicite. M. Vandemelebroeck cite la position bien répandue d’être contre l’attentat de Charlie Hebdo afin de démontrer que Zep partage un à la mode. C’est là où il utilise une expression empruntée à l’anglais, être « mainstream », pour souligner l’aspect d’être à la mode. Mais cette expression a une connotation plutôt négative et surtout autant qu’artiste il est très important d’être original et unique en ce qui concerne son travail. Voilà une nouvelle critique sous-entendue.
Pourtant il faut prendre en compte le cadre de cet entretien. 26 minutes est une émission satirique des deux Suisses Vincent Kucholl et Vincent Veillon et le présentateur et le critique de BD belge sont des rôles qu’ils jouent. Vu sous cet angle, l’entretien ressemble à une pièce de théâtre satirique dans laquelle Zep est le seul personnage authentique.


Répondez aux questions suivantes sans regarder la transcription :

1.     Comment s’appelle le nouvel album de Zep ?

2.     Zep est
o  musicien de rock             o dessinateur                       o psychologue

3.     D’après M. Vandemelebroeck, qu’est-ce qui manque à Zep ?

o du talent                o une jolie femme                o un nouveau livre

Et qu’est-ce qui lui manque selon lui-même ?

o du talent                o une jolie femme                o un nouveau livre

4.     Quelle est la métaphore utilisée par M. Vandemelebroeck pour dire que Zep gagne beaucoup ?

5.     Notez trois expressions qui sont empruntées à l’anglais. Elles sont utilisées par quel intervenant ?

6.     Qui sont Mix et Chappatte ?

7.     Quel est la voie d’aujourd’hui que les dessinateurs utilisent afin d’entretenir le rapport de la BD avec le public ?

8.     Quel est l’aspect éducatif du travail de Zep ?


9.     Pourquoi M. Vandemelebroeck a du mal à prononcer le nom « Zep » ?

Réponses:
1. What a Wonderful World
2. dessinateur
3. du talent, un nouveau livre
4. la machine à couilles d'or tourne à plein!
5. M. Vandemelebroeck utilise des expressions comme: des selfies, stand-up, mainstream.
6. Ce sont des dessinateurs de presse, qui réagissent avec leurs dessins à l'actualité. 
7. Les blogs
8. D'apprendre à rire de soi-même.
9. Parce qu'il est belge. 






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