mardi 8 décembre 2015

Rencontrer. Version révisée


Interview S.L

 

S. est une amie de moi qui vient de Nyon. Je l’ai rencontrée pendant mon semestre à Lausanne où on a fait des études de médecine ensemble. Après avoir quitté Lausanne, Sophie et moi, nous nous sommes encore vues de temps en temps. Ce n’est pas facile avec la distance Nyon-Bâle. Sophie a 21 ans et elle est une fille joyeuse, souriante et généreuse. Après avoir arrêté médecine, elle a dû se réorienter et trouver une formation alternative qui lui plaît autant ou même plus que ce qu’elle voulait faire tout d’abord. Elle est maintenant étudiante à la haute école de santé à Genève pour devenir infirmière. Dans notre interview elle parle de comment elle a vécu cette situation pas très facile et comment elle a réussi à trouver ce qu’elle aime faire.

 

Salut S. Pour commencer : Tu fais la haute école de santé, est-ce que tu peux me dire quelle était ta motivation  pour devenir infirmière ?

 

Alors, en tout premier lieu parce que les hôpitaux ça m’a toujours intéressée, j’y ai passé pas mal de temps. Quand j’étais à l’école j’étais décidée à faire médecine. Donc j’ai fait les études de  médecine et j’ai raté de peu de points un examen, ce qui fait que je me suis retrouvée en année sabbatique. Et pendant cette année sabbatique, j’ai dû redéfinir mon identité personnelle et professionnelle vu que je pensais toujours à vouloir faire médecin. Alors ça m’a pris pas mal de temps. J’ai fait des stages dans des hôpitaux pour voir si ça allait toujours me plaire. En plus j’ai fait mon voyage humanitaire qui m’a appris beaucoup de choses sur moi-même. Et puis après mes stages aux hôpitaux, j’ai décidé que je voulais faire infirmière et que ça me correspondait plus que médecin.

 

Ok. Donc tu m’as dit que t’avais déjà fait plusieurs stages. Est-ce que tu peux dire ce qui te plaît le plus dans ton futur métier ?

 

Il y ait le côté relationnel des soins, ce que tu as pas forcément chez les médecins. Puisque l’infirmière, elle, est vraiment le point central du traitement d’un patient. C’est l’infirmière qui voit si, par exemple, ton patient, il est dénutri, c’est elle qui va faire appel à la diététicienne, ou s’il y a un problème de coagulation, elle fait appel au physiothérapeute. Si le médecin, il arrive, c’est vraiment elle le porte-parole entre le patient et le médecin. C’est ça qui me plaît.

 

Tu as parlé de ton voyage humanitaire en Afrique. Ça me semble être très intéressant. Raconte-m’en un peu plus à propos de ce voyage s’il te plaît.

 

Je suis partie avec une association en Tanzanie, à Daressalam, pendant 10 semaines. J’ai vécu dans une famille locale et j’ai travaillé dans un orphelinat.

 

Ok. Donc t’as fait un voyage qui comprend un grand aspect social. Je me demande alors si ton voyage était lié à ton choix professionnel ?

 

Euh…Directement non. Mais indirectement, on peut le dire, parce que si tu n’as pas les qualités de générosité et l’envie d’aider, je ne pense pas que tu puisses travailler dans les soins. Mais directement, la réponse serait non, parce que là-bas je n’ai pas fait de soins. J’ai fait que du relationnel.

 

Et est-ce que ton voyage vu rétrospectivement correspondait aux attentes que tu avais avant de partir ?

 

Non. Non pas du tout. J’avais pensé, si tu fais un voyage humanitaire c’est pour aider les gens et changer les choses. C’est absolument pas ça. Donc, je n’étais pas prête, et quand j’ai été sur place, j’ai eu un grand coup de blues, si on peut dire ça. Parce que tu dois tout remettre en question pour comprendre que tu n’es pas là-bas pour aider et changer les choses, mais plutôt pour essayer de faire que la situation soit soutenable. Une fois que j’avais réussi à accepter cela, je me sentais plus à l’aise.

 

Tu vécu alors pendant un certain temps dans un pays qui diffère pas mal de la Suisse. Est-ce qu’il y avait des choses en particulier qui t’ont frappée ou même choquée ? Par exemple en relation avec la culture ou l’infrastructure ?

 

L’infrastructure pas trop. Mais il y avait deux choses en particulier qui m’ont vraiment frappée. Premièrement, je savais qu’ils frappaient les enfants, mais pas à ce point. C’est vraiment de la violence. Ils frappaient les enfants, vraiment, à coup de bâton. La deuxième chose qui m’a choquée c’est qu’il y a beaucoup d’albinos là-bas et ce sont vraiment des gens reculés de la civilisation. Les gens qui vivent dans les tribus, s’ils ont une maladie qu’ils veulent guérir, ils coupent les bras et les jambes des albinos, et les apportent au médecin local, parce qu’ils croient que s’ils amènent un membre d’un albinos, ils seront soignés. Car, sans offrande au médecin, les soins ne sont pas effectués. 

 

Je comprends que ça t’a choquée. Je ne veux même pas imaginer voir de telles choses. Alors, il me semble que la culture du pays où tu vivais diffère quand même beaucoup de celle d’ici. Est-ce que c’était dur de s’y habituer ?

 

Je dirais non. Ce n’était pas dur. Je me sentais pas mal à l’aise. Je me suis sentie vraiment comme chez moi. Peut-être, c'est parce que la famille dans laquelle je vivais, elle m’a mise dans cet état. Mais, quand j’allais au travail, je ne me sentais pas toujours à l’aise. Le seul truc qui m’a freinée dans mon enthousiasme du voyage c’était la violence envers les enfants et d’accepter que je ne pouvais pas changer les choses.

 

Après tout ce que tu m’as raconté, est-ce que tu pourrais définir quelque chose en particulier que ton voyage t’a apporté ?

 

Ça m’a beaucoup appris sur moi-même.

 

Dans quel sens ?

 

Dans le sens que j’ai découvert des attitudes, des comportements que je ne connaissais pas de ma personne. Et même si j’étais capable de m’adapter très facilement à n’importe quoi, ça renforce encore plus, parce que j’ai connu des gens des quatre coins du monde, j’ai dû travailler avec eux. J’ai dû travailler avec des gens qui frappaient les enfants et ce n’est pas forcément ce que moi je veux et j’ai dû m’adapter à ça aussi. Et j’ai réussi à le faire, donc, je pense c’est positif pour quand tu soignes quelqu’un que tu n’as pas vraiment envie de soigner, mais tu es obligé, tu dois aussi t’adapter parce que c’est ton boulot.

 

Ok, et après avoir entendu toutes tes expériences, j’aimerais savoir si tu recommanderais de faire un tel voyage et à qui.

 

Oui, alors, de toute façon je le recommanderais à tout le monde. Après, par rapport à la personne à qui je le conseillerais : Tu peux le conseiller à tout le monde, mais il y a des gens qui vont devoir faire plus d’efforts, parce qu’il y a des gens qui ne savent pas forcément s’adapter aux autres cultures et pays. Et moi, avant de faire ce voyage, j’avais déjà eu la chance de voyager beaucoup, et donc de voir beaucoup cultures différentes, et ça aide quand-même. Il faut juste être consciente qu’un voyage humanitaire ce n’est pas pour changer les choses. Clairement pas. Et il faudrait peut-être s’informer un peu sur la culture et les conditions de vie du pays avant un tel voyage si on ne la connaît absolument pas.

 

Merci beaucoup pour cette interview intéressante.

 

Justification et recherches

 

J’ai choisi Sophie comme partenaire pour mon interview parce que je la connais très bien et je savais qu’elle allait avoir des choses très intéressantes à raconter. En même temps je voulais en savoir plus sur son voyage et je pensais pouvoir obtenir un point de vu plus objectif comme interviewer que comme amie. Ceci  me permettait de recevoir des réponses plus détaillées. Je pense que, pour les lecteurs de mon âge, ça pourrait être intéressant de lire ce qu’elle a vécu, parce qu’il y a beaucoup d’étudiants qui se retrouvent dans la même situation pendant leurs études : Ne pas pouvoir poursuivre son choix initial et devoir trouver une autre option. En plus, je trouve, que la manière rational et analytique, dont S. raconte de son voyage, est très impressionnante car c’est clairement une expérience marquante et touchante.

Explication : accord du participe passé

-          Accord du participe passé avec avoir :

Le participe passé s’accorde avec un COD dans les cas suivants :

1. Proposition relative introduite avec que :

Les livres, qu’il a lus.

2. COD = Pronom personnel devant le verbe.

Il m’a rendu les livres sans les avoir lus.

3. Dans une question, si l’interrogation porte sur le COD à celui-ci est placé devant le verbe.

Combien de livres elle a rendus ?

 

-          Accord du participe passé avec auxiliaire être :

Le participe passé s’accorde toujours avec le sujet : Genre et nombre.

Elle est partie.

-          Accord du participe passé des verbes pronominaux :

Le participe passé s’accorde toujours avec le sujet : Genre et nombre.

 

Elle s’est maquillée.

Ne pas si le verbe pronominaux et suivi d’un COD à Elle s’est maquillé les yeux.

 

-          Accord du participe passé suivi d’un infinitif :

 
Les oiseaux que nous avons entendus chanter. (On entend les oiseaux.)

 

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