Interview S.L
S. est une amie de moi qui
vient de Nyon. Je l’ai rencontrée pendant mon semestre à Lausanne où on a fait
des études de médecine ensemble. Après avoir quitté Lausanne, Sophie et moi,
nous nous sommes encore vues de temps en temps. Ce n’est pas facile avec la
distance Nyon-Bâle. Sophie a 21 ans et elle est une fille joyeuse, souriante et
généreuse. Après avoir arrêté médecine, elle a dû se réorienter et trouver une
formation alternative qui lui plaît autant ou même plus que ce qu’elle voulait
faire tout d’abord. Elle est maintenant étudiante à la haute école de santé à
Genève pour devenir infirmière. Dans notre interview elle parle de comment elle
a vécu cette situation pas très facile et comment elle a réussi à trouver ce
qu’elle aime faire.
Salut S. Pour commencer : Tu fais la haute école de santé, est-ce
que tu peux me dire quelle était ta motivation
pour devenir infirmière ?
Alors, en tout premier lieu
parce que les hôpitaux ça m’a toujours intéressée, j’y ai passé pas mal de
temps. Quand j’étais à l’école j’étais décidée à faire médecine. Donc j’ai fait
les études de médecine et j’ai raté de
peu de points un examen, ce qui fait que je me suis retrouvée en année
sabbatique. Et pendant cette année sabbatique, j’ai dû redéfinir mon identité
personnelle et professionnelle vu que je pensais toujours à vouloir faire
médecin. Alors ça m’a pris pas mal de temps. J’ai fait des stages dans des
hôpitaux pour voir si ça allait toujours me plaire. En plus j’ai fait mon
voyage humanitaire qui m’a appris beaucoup de choses sur moi-même. Et puis
après mes stages aux hôpitaux, j’ai décidé que je voulais faire infirmière et
que ça me correspondait plus que médecin.
Ok. Donc tu m’as dit que t’avais déjà fait plusieurs stages. Est-ce que
tu peux dire ce qui te plaît le plus dans ton futur métier ?
Il y ait le côté
relationnel des soins, ce que tu as pas forcément chez les médecins. Puisque
l’infirmière, elle, est vraiment le point central du traitement d’un patient.
C’est l’infirmière qui voit si, par exemple, ton patient, il est dénutri, c’est
elle qui va faire appel à la diététicienne, ou s’il y a un problème de
coagulation, elle fait appel au physiothérapeute. Si le médecin, il arrive,
c’est vraiment elle le porte-parole entre le patient et le médecin. C’est ça
qui me plaît.
Tu as parlé de ton voyage humanitaire en Afrique. Ça me semble être très
intéressant. Raconte-m’en un peu plus à propos de ce voyage s’il te plaît.
Je suis partie avec une association en Tanzanie, à Daressalam, pendant
10 semaines. J’ai vécu dans une famille locale et j’ai travaillé dans un orphelinat.
Ok. Donc t’as fait un voyage qui comprend un grand aspect social. Je me
demande alors si ton voyage était lié à ton choix professionnel ?
Euh…Directement non. Mais indirectement, on peut le dire, parce que si
tu n’as pas les qualités de générosité et l’envie d’aider, je ne pense pas que
tu puisses travailler dans les soins. Mais directement, la réponse serait non,
parce que là-bas je n’ai pas fait de soins. J’ai fait que du relationnel.
Et est-ce que ton voyage vu rétrospectivement correspondait aux attentes
que tu avais avant de partir ?
Non. Non pas du tout. J’avais pensé, si tu fais un voyage humanitaire
c’est pour aider les gens et changer les choses. C’est absolument pas ça. Donc,
je n’étais pas prête, et quand j’ai été sur place, j’ai eu un grand coup de
blues, si on peut dire ça. Parce que tu dois tout remettre en question pour
comprendre que tu n’es pas là-bas pour aider et changer les choses, mais plutôt
pour essayer de faire que la situation soit soutenable. Une fois que j’avais
réussi à accepter cela, je me sentais plus à l’aise.
Tu vécu alors pendant un certain temps dans un pays qui diffère pas mal
de la Suisse. Est-ce qu’il y avait des choses en particulier qui t’ont frappée
ou même choquée ? Par exemple en relation avec la culture ou
l’infrastructure ?
L’infrastructure pas trop.
Mais il y avait deux choses en particulier qui m’ont vraiment frappée.
Premièrement, je savais qu’ils frappaient les enfants, mais pas à ce point.
C’est vraiment de la violence. Ils frappaient les enfants, vraiment, à coup de
bâton. La deuxième chose qui m’a choquée c’est qu’il y a beaucoup d’albinos
là-bas et ce sont vraiment des gens reculés de la civilisation. Les gens qui
vivent dans les tribus, s’ils ont une maladie qu’ils veulent guérir, ils
coupent les bras et les jambes des albinos, et les apportent au médecin
local, parce qu’ils croient que s’ils amènent un membre d’un albinos, ils
seront soignés. Car, sans offrande au médecin, les soins ne sont pas
effectués.
Je comprends que ça t’a
choquée. Je ne veux même pas imaginer voir de telles choses. Alors, il me
semble que la culture du pays où tu vivais diffère quand même beaucoup de celle
d’ici. Est-ce que c’était dur de s’y habituer ?
Je dirais non. Ce n’était
pas dur. Je me sentais pas mal à l’aise. Je me suis sentie vraiment comme chez
moi. Peut-être, c'est parce que la famille dans laquelle je vivais, elle m’a
mise dans cet état. Mais, quand j’allais au travail, je ne me sentais pas toujours
à l’aise. Le seul truc qui m’a freinée dans mon enthousiasme du voyage c’était
la violence envers les enfants et d’accepter que je ne pouvais pas changer les
choses.
Après tout ce que tu m’as raconté, est-ce que tu pourrais définir
quelque chose en particulier que ton voyage t’a apporté ?
Ça m’a beaucoup appris sur moi-même.
Dans quel sens ?
Dans le sens que j’ai
découvert des attitudes, des comportements que je ne connaissais pas de ma
personne. Et même si j’étais capable de m’adapter très facilement à n’importe
quoi, ça renforce encore plus, parce que j’ai connu des gens des quatre coins
du monde, j’ai dû travailler avec eux. J’ai dû travailler avec des gens qui
frappaient les enfants et ce n’est pas forcément ce que moi je veux et j’ai dû
m’adapter à ça aussi. Et j’ai réussi à le faire, donc, je pense c’est positif
pour quand tu soignes quelqu’un que tu n’as pas vraiment envie de soigner, mais
tu es obligé, tu dois aussi t’adapter parce que c’est ton boulot.
Ok, et après avoir entendu toutes tes expériences, j’aimerais savoir si
tu recommanderais de faire un tel voyage et à qui.
Oui, alors, de toute façon
je le recommanderais à tout le monde. Après, par rapport à la personne à qui je
le conseillerais : Tu peux le conseiller à tout le monde, mais il y a des
gens qui vont devoir faire plus d’efforts, parce qu’il y a des gens qui ne
savent pas forcément s’adapter aux autres cultures et pays. Et moi, avant de
faire ce voyage, j’avais déjà eu la chance de voyager beaucoup, et donc de voir
beaucoup cultures différentes, et ça aide quand-même. Il faut juste être
consciente qu’un voyage humanitaire ce n’est pas pour changer les choses.
Clairement pas. Et il faudrait peut-être s’informer un peu sur la culture et
les conditions de vie du pays avant un tel voyage si on ne la connaît
absolument pas.
Merci beaucoup pour cette interview
intéressante.
Justification
et recherches
J’ai
choisi Sophie comme partenaire pour mon interview parce que je la connais très
bien et je savais qu’elle allait avoir des choses très intéressantes à
raconter. En même temps je voulais en savoir plus sur son voyage et je pensais
pouvoir obtenir un point de vu plus objectif comme interviewer que comme amie.
Ceci me permettait de recevoir des
réponses plus détaillées. Je pense que, pour les lecteurs de mon âge, ça
pourrait être intéressant de lire ce qu’elle a vécu, parce qu’il y a beaucoup
d’étudiants qui se retrouvent dans la même situation pendant leurs
études : Ne pas pouvoir poursuivre son choix initial et devoir trouver une
autre option. En plus, je trouve, que la manière rational et analytique, dont
S. raconte de son voyage, est très impressionnante car c’est clairement une
expérience marquante et touchante.
Explication :
accord du participe passé
-
Accord du participe passé avec avoir :
Le
participe passé s’accorde avec un COD dans les cas suivants :
1. Proposition relative
introduite avec que :
Les
livres, qu’il a lus.
2. COD = Pronom personnel
devant le verbe.
Il
m’a rendu les livres sans les avoir lus.
3. Dans une question, si l’interrogation
porte sur le COD à celui-ci est placé devant
le verbe.
Combien de livres elle a
rendus ?
-
Accord du participe passé avec auxiliaire être :
Le participe passé s’accorde
toujours avec le sujet : Genre et nombre.
Elle est partie.
-
Accord du participe passé des verbes pronominaux :
Le participe passé s’accorde toujours avec le sujet : Genre et
nombre.
Elle s’est maquillée.
Ne pas si le verbe
pronominaux et suivi d’un COD à Elle s’est maquillé les yeux.
-
Accord du participe passé suivi d’un infinitif :
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