Interview
Radio France : « Y a-t-il une crise de la République ? »
(émission du 8 décembre 2015)
Bonjour
Marcel Gauchet, vous êtes philosophe et historien. Quel regard portez-vous sur
le résultat des élections du dimanche dernier ?
J’ai l’impression vivre un cauchemar récurrente.
L’épisode se répète implacablement. C’est comme si c’était une surprise. Ça
fait plus de vingt ans ça dure. Chaque fois, la découverte du problème, comme
s’il se posait pas avant, et les mêmes attitudes, les mêmes commentaires. Je
pense qu’on pourrait faire une recherche d’archive en transplantant – et c’est
plutôt plus modéré là-encore – 2002, aujourd’hui 2002, c’est quand même il y a
treize ans, eh ben, le discours est le même. Il y a quelque chose de saisissant
dans cet enfermement, dans un imbroglio, dont personne ne parvient à
démêler les fils.
Alors moi, j’ai fait cette
recherche d’archive, je suis allé voir vos textes, et notamment un texte que
vous aviez publié en 1990, intitulé Les
mauvaises surprises. De la lutte des
classes, et c’est mauvaises surprises de la lutte des classes, c’était une fois
de plus, la découverte du vote Front nationale et vous écriviez la chose
suivante, Marcel Gauchet : « Un mur s’est dressé entre les élites et
les populations, entre une France officielle avouable qui se pique de ses
nobles sentiments et un pays des marges renvoyés dans l’ignoble. Les choses
ont-elles changé? »
La France des marges, hélas, a
élargi son spectre considérablement, elle n’est plus marge. C’est bien ça notre
problème. C’est pour ça je crois qu’il serait assez utile de changer de
discours une bonne fois et de réflexion. Mais je ne me fais pas d’illusion.
Nous sommes repartis dans un scénario immobiliste, on va recommencer exactement
le même psychodrame.
Pourquoi
les Français votent-ils
pour parti Front national, Marcel Gauchet ?
Je crois qu’ils votent
essentiellement pour la protestation, et c’est ce qui fait d’ailleurs que tous
les appels des personnes les plus variées, les plus qualifiées, les plus
respectables, à ne pas voter pour le Front National, sont sans effet, puis que
ils ne font en réalité que renforcer le sentiment, puisque ça les embête bien
qu’on vote pour le Front National, eh bien justement on ne va pas manquer de
voter pour le Front National. Donc, il y a un piège, et c’est du piège qu’il
faut sortir et ne pas répéter les termes du piège qui ne sert à rien.
Contre
quoi protestaient-ils ? Pourquoi faut-il embêter les partis officiels ?
La protestation est confuse.
Elle est très globale. Elle renvoie d’abord à une situation économique
particulièrement calamiteuse pour les Français.
Ce qu’on sait du chômage de masse qui dure maintenant depuis plus de trente ans
et qui ne fait que s’aggraver, finit par produire des effets complètement
toxiques dans la vie sociale. C’est insupportable. C’est un fait. Surtout que
la promesse – elle aussi récurrente – inlassable que c’est fini, on va changer
de pied et on va obtenir des résultats, ne fonctionne jamais depuis plus de
trente ans. Comment les choses pourraient-elles ne pas s’aggraver ? Alors
ça… et puis, il y a effectivement le sentiment encore diffus d’un déclassement
du pays. Nous sommes à la traîne, je pense à cet égard qu’une des choses
les plus ressenties de façon implicite – parce que ce n’est pas dans les thèmes
du discours qu’on entend quotidiennement, mais je pense que c’est très
important. La France ne joue plus aucun rôle en Europe. Elle est à la traine,
elle est à leur morte, elle subit, elle n’a rien à dire. Comment voulez-vous
que cela ne soit pas ressenti ? Quand la France était pilote dans la
construction européenne, le leader qui avait des idées qu’elle proposait, qu’elle
avait un vrai projet, évidemment que le sentiment était différent. Aujourd’hui,
qu’est-ce que c’est l’Europe ? Une contrainte insupportable qui vient
intervenir tous les jours dans la vie quotidienne par les directives, quelles
connes des normes qu’on n’avait pas venues venir des règlements abracadabrants.
Et nous, qu’est-ce que nous avons à dire par rapport à ça ? Rien. Et puis,
ils s’y rajoutent, effectivement, les problèmes qu’on met en avant, mais qui me
semblent jouer un rôle bien moins grand qu’on le dit, les migrations, la
sécurité, et alors, de ce point de vue-là, nous avions le scénario catastrophe
parfait – sans parler du fait que il faudrait – je suis très étonné d’ailleurs
que dans les commentaires on n’en parle pas assez de qu’est-ce que c’est ces
élections régionales – qui offrait une fenêtre de vulnérabilité
extraordinaire pour un vote de protestation.
(…)
_________________________________
1. Recherche
Le scrutin régional du 6 décembre 2015 en France a été « un
choc » pour la France officielle. Le Front National (FN), le parti
d’extrême droite, a réalisé une poussée spectaculaire : Les Régionales l’ont
placé en tête dans six des treize régions françaises, 16 mois avant la
présidentielle de 2017. Pourtant, après ces résultats record, l'extrême droite
française n'a finalement remporté aucune région au second tour du scrutin qui a
eu lieu une semaine plus tard. Sept régions en France métropolitaine allaient
aux Républicains, tandis que le Parti Socialiste a réussi à se maintenir dans
cinq.
2.
Analyse grammaticale
2.
Analyse grammaticale
Question :
Est-ce
qu’on dit/écrit « Paul est Français ou Paul est français » ?
Réponse :
La règle est simple : Quand le mot en
question est utilisé en fonction d’un adjectif, il prend une minuscule.
Ex.
un professeur espagnole, une philosophe américaine.
Dès que ’il s’agit d’un adjectif qui est employé
comme nom pour désigner une personne, on met une majuscule.
Ex. : un
Français, une Suissesse, un Japonais.
3.
Exercices
Réponse :
La règle est simple : Quand le mot en
question est utilisé en fonction d’un adjectif, il prend une minuscule.
Ex.
un professeur espagnole, une philosophe américaine.
Dès que ’il s’agit d’un adjectif qui est employé
comme nom pour désigner une personne, on met une majuscule.
Ex. : un
Français, une Suissesse, un Japonais.
3.
Exercices